Loi recherche : le gouvernement écarte les sujets les plus sensibles Pour éviter de braquer le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche, l'exécutif entend écarter les sujets qui fâchent du futur projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Le texte pourrait être présenté au Conseil des ministres en avril, après un passage devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Il serait relativement court, pour tenir compte du calendrier contraint du Parlement. Le sujet hautement inflammable de la suppression de la qualification par le Conseil national des universités (CNU), sur lequel le gouvernement entendait ouvrir une concertation, ne devrait pas être inscrit à l'ordre du jour de la future loi. Après le dépôt d'un amendement au projet de loi sur la fonction publique , par des députés de la majorité, visant à le supprimer, le SNESUP-FSU avait parlé de « provocation ». Le gouvernement annonce une forte revalorisation du salaire des jeunes chercheurs Le rythme et les règles du CNU - qui a un rôle dans l'évolution des carrières - « ne sont plus adaptés à la vie universitaire actuelle et à la vraie concurrence internationale »,avait plaidé Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, suscitant de vives réactions. Pas de fusion des corps Les discussions sur le volume des 192 heures, règle principale qui régit le temps de travail des enseignants-chercheurs, devraient être remisées aussi. Tout comme la fusion, évoquée, des deux statuts de maître de conférences et de professeur d'université. « Il n'y aura rien de tout cela, ce sera une loi budgétaire », confie-t-on au sein de l'exécutif. Le gouvernement envisage néanmoins une nouvelle voie de prérecrutement de professeurs d'universités ou de directeurs de recherche sous une forme appelée « tenure track » dans le monde anglo-saxon. L'idée vise à éviter que les jeunes docteurs ne partent à l'étranger et à faire en sorte de pouvoir les recruter sur six ans pour, ensuite, les titulariser directement. Les maîtres de conférences s'inquiétaient, de fait, que ce soit autant de places en moins pour leur carrière. Frédérique Vidal a promis aux syndicats que ce prérecrutement se ferait en plus des postes actuels. Le dispositif de « tenure track » devrait être assez restreint. « On n'est pas sur une transformation des statuts », confie un conseiller. Hausse du préciput Le terme de « tenure track », perçu comme « irritant », pourrait d'ailleurs ne pas apparaître en tant que tel dans le futur projet de loi. Le sujet reste toutefois sensible. « C'est risqué d'avoir, dans la communauté universitaire, encore un nouveau statut différent », estime Franck Loureiro, du Sgen-CFDT, qui redoute une foire d'empoigne entre les différents statuts et postes dans les universités. Concernant le financement apporté à la recherche, Frédérique Vidal a indiqué aux syndicats, mercredi, son objectif d'atteindre les 3 % de PIB pour la recherche à la fin de la loi de programmation. La France aurait dû les atteindre en… 2010. Reste à savoir quelle somme il faudra pour remplir cet objectif. Le gouvernement pourrait mettre 10 milliards d'euros sur la table, sur six à sept ans - un montant que le ministère de l'Enseignement supérieur ne confirme pas. Pour y parvenir, l'augmentation du préciput de l'Agence nationale de la recherche (ANR) est évoquée. Ces sommes destinées aux moyens matériels et humains pour faire fonctionner un projet de recherche pourraient être considérablement augmentées. Marie-Christine Corbier